D’Anvers, tout seul, comme un grand

Les matins blancs

Ça commence fort ! D’abord, un ensemble de cordes échappé d’on ne sait quel phillarmonique installe un climat précieux, mélancolique. Une cinquantaine de secondes plus tard, après une ultime plainte des violons et violoncelles, une caisse claire tout en roulement de fanfare brise la préciosité du moment. On entre alors dans une autre histoire, plus déchirée, plus raide que ne le laissait imaginer l’introduction. Cette pop tendue, parfaitement ciselée, emmenée par un duo basse-guitare d’une élégante sobriété, c’est Petite, l’un des titres phares de Matins blancs, le quatrième opus de Joseph d’Anvers. Son plus réussi.

Une belle histoire que cet album-là. Ça commence par une rupture. Après trois disques produits par Atmosphériques, l’ami Joseph, génial touche-à-tout, formé à la Fémis, l’école du cinéma, écrivain à ses heures, quitte son label originel. Le genre de séparation dont beaucoup ne se remettent pas. Lui, au contraire, puise dans sa liberté retrouvée un regain d’envie — il décide de s’autoproduire — et d’inspiration. D’autant que le Montmartrois (son pseudo, « d’Anvers », lui vient de la station de métro de la Butte) n’est pas vraiment tout seul. Il y a du monde à ses côtés.

Des fans qui, en quelques jours, financent une partie du projet via le site Kisskissbankbank, spécialiste du financement participatif. Et puis aussi, de fidèles compagnons de route, des gars qui comptent parmi les francs-tireurs les plus brillants de la France qui chante. Miossec par exemple. Ou bien encore Dominique A. Ces deux fines lames lui offrent des textes que Monsieur Jo met en musique. Ça donne Tremble et La nuit je t’aime quand même. On retrouve dans le premier titre la veine pop-rock de Petite. Le second est une balade folk qui sonne triste. « Vite avant que la mélancolie s’empare de tout. », susurre une voix douce et féminine au terme du refrain. Tout est dit !

Un bonheur ne vient jamais seul. Après les amis, les rencontres… Les maquettes du sieur d’Anvers tombent entre les mains de la bande à Daho, des musiciens enthousiastes qui proposent généreusement leurs services pour les prises de son définitives. Et voilà comment on arrive avec des moyens modestes à produire un petit bijou de quatorze titres au son pur, aux orchestrations serrées, aux arrangements épurés. Une exception : Surexposé, le titre le plus dansant de Matins blancs, s’amuse de quelques bulles de synthé empruntées aux années 80. Il y a dans ce morceau synthpop un parfum lointain de Taxi Girl, étoile filante de la new wave hexagonale. Quant à la rythmique, elle évoque le Bashung des débuts, époque Gaby. Mais est-ce un hasard ? Après tout, feu Alain et le regretté Daniel Darc, ex-leader des Taxi, comptaient parmi les soutiens de Joseph d’Anvers. Des amis influents, y a pas de doute !

Joseph d’Anvers en concert :

Le 10 mars, à Paris – Café de la Danse

Le 1er avril, à Clermont-Ferrand – Coopérative de Mai

Le 21 mai, à Bobigny – Espace Canal 93

Pour vous mettre en appétit, le clip officiel de Surexposé :

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