La nostalgie à « pleins tubes »

Laurent-Voulzy Rockcollection

Laurent Voulzy a commencé sa carrière fort discrètement. En 1972, il sort son premier 45 tours : L’amour est un oiseau. Sans grand succès. Il insiste cependant, revenant tenter sa chance chaque année, tel un métronome, avec une nouvelle chanson. Le millésime 76, intitulé Les radios qui chantent, totalise par exemple 540 ventes. D’autres se seraient résignés. Le Parisien non. Encouragé par les succès de J’ai dix ans et de Bidon, deux titres qu’il a composés pour un certain Alain Souchon, jeune auteur interprète qu’il a rencontré par l’entremise du label RCA, il persiste et signe un sixième vinyle en 1977.

Son nouveau compère en écrit les paroles, inventant une histoire autour de la nostalgie des années lycée. Il y est question de queue de cheval, de scooter, de jupe plissée et de congés payés. En un mot : des Sixties. Entre chaque couplet, Voulzy glisse la reprise d’un titre qui a bercé son adolescence : A hard day’s night des Beatles, I get around des Beach Boys ou encore Satisfaction des Rolling Stones. Le résultat plaît tellement au producteur des deux artistes qui les convainc de rallonger la sauce : ils ajoutent quatre couplets aux cinq initiaux. La longueur de la chanson s’en ressent : 11 minutes et 45 secondes. Une éternité pour l’époque ! Le disque est néanmoins mis sous presse. Souchon a un titre en tête : il propose Recollection, un mot anglais qui signifie réminiscence. Un ami surenchérit alors : « Et pourquoi pas Rockcollection ? ». Alea jacta est ! C’est sous cet intitulé que le disque sort au printemps.

En quelques jours, il s’impose comme le phénomène musical du moment, trustant la tête de tous les hit parades hexagonaux et s’écoulant à 5 millions d’exemplaires. D’un coup, Laurent Voulzy accède à la célébrité. Mais pas à la fortune ! Ses droits d’auteurs sont bloqués pendant plus de trois ans par la Justice à la demande des auteurs des chansons reprises. Pour la version commercialisée aux USA, Voulzy est même obligé de retirer purement et simplement Mr Tambourine Man de Bob Dylan. Le titre n’en continue pas moins sa route. Les années passent et la nostalgie voulzienne ne prend pas une ride. D’autant que le chanteur l’entretient, régalant son public de versions live taille XXL : 18 minutes et 20 secondes lors du Voulzy Tour de 93, et 21 minutes et 33 secondes pour le Gothique Flamboyant Pop Dancing Tour, dix ans plus tard. En 2008, Laurent Voulzy s’offre même un lifting en studio pour son album Recollection. Rockcollection 008 compte pas moins de 22 reprises dont une – surprise ! – d’un artiste français : L’amour avec toi de Michel Polnareff. Avec une durée de 19 minutes, le clip qui accompagne la sortie de la chanson est le plus long de l’histoire du clip français. Un record qui ajoute une nouvelle touche à une légende déjà bien fournie.

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