The Nice touch

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Au palmarès de la France qui fait danser les Français, Nice était plutôt en queue de peloton jusque là. Qu’a-t-elle donné au pays ? Dick Rivers ! « Si tu as avais connu la Nice Baie des Anges à moitié nue. » Depuis cette ode nostalgique de son barde à banane, la ville du Roi Carnaval et de la socca n’avait guère brillé sur les platines. Et voilà qu’en quelques mois à peine, deux de ses enfants nous régalent les oreilles d’une musique talentueuse. Par ordre d’apparition sur scène…

Ben Mazué a sorti son second album cet automne. Son titre : 33 ans. L’âge du Christ et, accessoirement, de celui de ce jeune homme qui, depuis qu’il a décidé d’arrêter la Fac de Médecine pour la Chanson, truste les distinctions : prix SACEM des découvertes 2006, prix Paris Jeunes Talents 2008, lauréat du Fonds d’Action et d’Initiative Rock en 2011. Repéré par Columbia qui le signe en 2010, il publie son premier album un an plus tard. Il chante alors du rap tendre, velouté et intelligent sur des mélodies ensoleillées, des rythmes jazzy, des notes de guitares qui vous évadent de l’autre côté de l’Atlantique, dans les îles caribéennes et les champs confédérés. Un essai prometteur. Il parfaitement transformé aujourd’hui avec 33 ans.

Un fil rouge : l’âge, forcément. Mister Mazué slame les portraits aiguisés, parfois vifs jusqu’à l’acide de cinq de nos contemporains. Dans cette galerie, un ado initié aux choses de l’amour (14 ans), un jeune homme séduit par une aînée de dix ans (25 ans), une célibataire entre deux âges un peu larguée (35 ans), un préretraité amer (54 ans) et un senior aigri à souhait (70 ans). Entre chacune de ses peintures réalistes, Ben swingue davantage que par la passé. Sur des airs entraînants, il taquine, il aime, il évoque la perte de sa mère, avec pudeur, sans pleurs, sensible (Vivant), il moque avec allégresse une certaine Ruby à la tête aussi vide que ses chairs sont pleines. Harmonieux et rythmé, tout cela s’entend à merveille. Et puis surtout, tout cela s’écoute, chaque mot faisant écho à nos vies, nos quotidiens. Tels ces mots de Peut-être qu’on ira loin, une chanson sur l’amour tendresse : « … Il n’y aura jamais plus belle que toi parce que je trouve ça beau, moi, une femme qui fane à mon bras, une femme qui fane avec moi ».

Autre Niçois, autre style : The Avener. De son vrai nom, Tristan Casara. Un pur produit nissart, élevé à la farine de pois chiche et à l’huile d’olive du côté du Port Lympia. Un port qui a vu démarrer sa carrière quand il faisait bouger les night-clubbers de l’Iguane Café. C’est que ce jeune homme de 27 ans est DJ. Pour beaucoup de ses pairs, c’est un métier. Pour quelques-uns seulement, c’est un art. The Avener est de ceux-là. Sa spécialité : le rework. Il ne se contente pas de remixer des morceaux plus ou moins connus, pas plus qu’il ne sample. Non, il désosse complètement les chansons qui le séduisent et les remontent à sa façon. Arrangeur, producteur en quelque sorte. Et l’exercice lui réussit plus que bien ! Mise en ligne, il y a tout juste un an, sa version deep house de The Fade of line, un titre de l’Australienne Phoebe Killdeer (Australienne, certes, mais native d’Antibes, proche voisine de Nice !) rencontre un succès incroyable. Avec plus d’un million de vues sur You Tube, elle offre à son reworker un ticket pour la gloire et l’enregistrement d’un premier CD : The wanderings ot The Avener.

Sorti le 19 janvier dernier, l’album emballe la planète Dance. En 24 heures à peine, il s’impose au sommet des ventes d’iTunes. Du jour au lendemain, la jeunesse électro en pince pour John Lee Hooker, vieille gloire du blues, dont The Avener a repensé It Serves You Right to Suffer. Du jour au lendemain, To let myself go, une balade mélancolique de la Norvégienne Ane Brun, prend des couleurs : celle de la nuit et de ses spotlights. Du jour au lendemain, Rodriguez et son Hate Street Dialogue quittent les Seventies pour entrer dans le XXe siècle. Du jour au lendemain, avec We go home, la folk d’Adam Cohen (le fils de Leonard !) ne se danse plus en sandalettes mais en Lauboutin. Ce qui nous fait dire que l’art de The Avener est celui du diamantaire : il taille des pierres précieuses mais brutes dont il dévoile de nouvelles facettes pour en aviver l’éclat. Brillant !

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