En 1973, Gilmour, Mason, Waters et Wright, autrement dit les Pink Floyd sont en studio sous la houlette d’un certain Alan Parsons. Il prépare leur huitième studio : The dark side on the moon. Cet album concept aborde des sujets pour le moins profonds, pour ne pas dire graves : le travail, l’argent, la vieillesse, la guerre ou encore la folie. Ah oui, on en a oublié un et pas le moindre : la mort ! Un thème incarné par un morceau instrumental composé par Richard Wright : The Great Gig in the Sky. Du piano d’anthologie. Sauf qu’il manque quelque chose sur cette belle mélodie. Une voix.
On peut bien entendre au début du morceau un homme déclamer quelques phrases : And I am not frightened of dying. Any time will do; I don’t mind. Why should I be frightened of dying? There’s no reason for it—you’ve gotta go sometime. (Et je n’ai pas peur de mourir. Qu’elle vienne à n’importe quel moment, je m’en fiche. Pourquoi devrais-je avoir peur de mourir ? Il n’y a aucune raison pour ça, tu dois t’en aller un jour). Mais ça ne suffit pas. Alan Parsons se souvient alors d’une jeune choriste qu’il avait repérée quelques temps plus tôt. Elle s’appelle Clare Torry. On l’appelle en plein week-end. Rendez-vous est pris pour le dimanche, en fin de journée.
Clare se pointe au studio à l’heure convenue, écoute l’enregistrement, demande le texte qu’elle doit chanter. Surprise : il n’y en a pas. Gilmour en personne lui réclame des vocalises et, qui plus est, une totale improvisation. Elle se lance, fait quelques prises. Les Pink Floyd sont ravis. C’est dans la boîte ! Miss Torry perçoit alors trente livres, dix par heure de travail. Sauf qu’elle ne va pas en rester là. Des années plus tard, jugeant qu’elle est l’un des auteurs à part entière de la chanson, elle réclame des royalties devant la justice. Qui lui donne raison.
